FAMILLE DEMOLON ou de MOLON d’après L’ Abbé Ernest Demolon

 

Les renseignements reproduits sur cette étude, sont extraits pour la plupart, de documents personnels constituant des archives de famille. Ils sont aussi le résultat des recherches de M. Yves DEMOLON (Ingr. E.C.P.) et de quelques membres de sa famille, dans les Archives Départementales et à la Bibliothèque Nationale. Nous tenons à les remercier ici de nous avoir communiqué les conclusions de ces recherches.

 

 

ORIGINE DU NOM.- Un de nos coreligionaires écrivant une histoire de la Thiérache - partie pittoresque de la Picardie . tout en prairies et en forêt, voisine de la Belgique - a rele­vé dans les archives, au cours de ses recherches, le nom assez fréquemment reproduit des DEMOLON. Ce qui frappa l'auteur, ce fut la procession dominante de cette famille. En effet, la plupart des DEMOLON connus au XVIIIème siècle, et ils étaient déjà nombreux à cette époque, exerçaient la profession de meu­niers. Nous ne pouvons évidemment les suivre tous, car les re cherches seraient trop longues et difficiles : notons seulement qu'au début du XIXème siècle, on comptait encore 19 familles DEMOLON dont les moulins étaient échelonnés sur diverses riviè­res des Ardennes.

 

L'auteur de l'ouvrage sur la Thiérarche, versé dans la science des étymologies, s'est demandé si la profession n'a­vait pas créé le nom. Ainsi, pensa-t-il, le nom pourrait être dérivé du latin molinum (moulin) ou encore pourrait-il provenir de l'altération d'un autre mot étranger ayant même signification.

Mais l'on peut répondre que la famille DEMOLON est d'origine essentiellement française, comme on le verra dans un instant; aussi ne croyons-nous pas devoir retenir l'in­génieuse hypothèse ci-dessus.

En voici une autre :

En Thiérache, une meule de gerbes de blé s'appelle encore fréquemment un môlon. Or, les meuniers de la région, meuniers à vent pour la plupart, demeuraient généralement à l'écart du village, sur une hauteur, au milieu des molons qui serait resté à l'une des familles. Disons que des DEMOLON vivaient ailleurs qu'en Thiérache; ainsi nous ne pouvons guère donner créance à cette nouvelle ingénieuse explication.

 

M. l'Abbé de MOLON, curé de Collonges, membre de l'Académie de Bourgogne, expose une thèse qui nous paraît mieux fondée que les précédentes; la voici : l'ancien pays de Bresse (partie du département de l'Ain) possède une lo­calité : MOLON, qui fut le berceau d'une famille noble déjà connue au XIème siècle. Le nom de cette famille  est relevé dans le Dictionnaire généalogique et héraldique de Aubert de La Chesnaye-des-Bois (Paris 1757 - 17 volumes), et dans les Archives généalogiques et historiques de la Noblesse de France (Paris 1828 - 11 volumes).

 

Dans le premier de ces dictionnaires sont indiqués un. certain nombre de descendants directs de la famille, avec leurs états de service. Or, au XVIème siècle, il s'est pro­duit un fait d'une certaine importance : Philippe de Lorraire duc de Mercoeur, chef de la Ligue (1558-1602), qui vivait en Bretagne, vint trouver son ami le prince de Dombes, voisin immédiat de son collègue du pays de Bresse; il sollicita l'appui des deux chefs pour renforcer l'action de la Ligue contre le parti de la Cour.

Des nobles furent enrôlés pour faire partie des bande: armées de Mercoeur, et la tradition indique que parmi ces nobles il y eut des de MOLON.

La petite armée de Mercoeur, assez disparate et désordonnée, ainsi constituée, partit pour la Bretagne. Grâce à l'appui des Espagnols de Philippe II, elle infligea à Craon une défaite à l'armée royale.

Retenons en passant que le séjour prolongé des forma­tions de Mercoeur en Bretagne, peut expliquer la présence, et postérieurement le retour, dans les départements bretons, (à Douarnenez, Concarneau, Nantes, Rennes, Paramé) de plu­sieurs familles DEMOLON qui y ont fait souche.

Après l'engouement du début et quelques succès assez faciles, Mercoeur connut des déboires.

Eh raison de son caractère extravagant, on finit par ne plus le prendre au sérieux, et la plupart de ses partir le quittèrent; par la suite, il dut subir les conséquences c traité de Vervins passé entre Henri IV et Philippe II (1598) et c'est dans cette région de Vervins qu'il licencia les quelques partisans qui s'attachaient encore à lui.

A cette époque de transports et de voyages très diffi­ciles, il n'y avait guère d'autre alternative aux "démobili­sés" de l'époque que de se fixer dans le pays où les hasard: des guerres les avaient conduits. Ainsi s'expliquerait la présence des DEMOLON dans le pays de Vervins dès les 16ème et 17ème Siècles.

Nous retiendrons l'exposé de M. l'Abbé de MOLON, en ajoutant que la dispersion d'une famille, au cours de plu­sieurs siècles, et sur une étendue considérable de terri­toire allant du pays de Bresse à la Bretagne, puis à la Lorraine, expliquerait un certain oubli de son origine et l'abandon de la particule.

Je note ici que mon grand père Louis-Joseph-Nicolas DEMOLON, né en 1812, disait se souvenir de ce qu'il avait entendu affirmer -dans sa famille, lorsqu'il était jeune, au sujet de l'origine du nom : sa conviction était que le nom pouvait s'écrire avec la particule; niais comme il ne possé­dait aucun document formel à ce sujet, il écrivait DEYIOLON en un seul mot, sans accent sur l' e, remontrant assez vive­ment les familiers qui écrivaient parfois Démolon. Signalons enfin que la famille de MOLON en Bresse porte pour armes : "Palé d'or et d'azur de six pièces".

 

RELIGION :  Nous avons signalé l'action de Mercoeur luttant contre la cour avec l'appui du parti catholique. Il nous a paru intéressant de rechercher pour quelles raisons des DEMOLON se sont ralliés au protestantisme.

Plusieurs explications ont été données.

 

En voici une :

 

En1550, Jean-Anthoine DEMOLON ou de MOLON était en procès avec Jacqueline de Montbel, comtesse d'Entremont, veuve de l'Amiral de Coligny, au sujet du non paiement de sa terre de Pluvy (Ain) - Archives de Bourg - (Peincedé B. 11.163). La tradition. le donne comme ayant suivi Charles de Guise duc de Mayenne, et il serait l'un des 20 enfants de Claude de MOLON mort vers 1570 (S Guicheron. Hist. de Bresse 1650).

La veuve de l'Amiral était une protestante très zélée. A-t-elle fait des prosélytes de Jean-Anthoine et de plusieurs membres de sa famille. C'est une hypothèse vraisemblable, mais les preuves manquent.

 

M. Le Pasteur Beuzart, dans son livre intitulé "L'Eglise de Parfondeval" donne cette autre explication :

 

L'une des parties sol français les mieux cultivées et le: plus product = en céréales, a toujours été la Brie, qui alimentait Paris. A l'époque de la moisson, cette région manquait de main-d'oeuvre. Or, dans la Thiérache, le Hainaut le Verman dois, la main-d'oeuvre abondait; les artisans y étaient nombreux : tisseurs de lin, tisseurs de chanvre, fi­leurs à la main, vanniers, travaillaient tous à domicile pendant l'hiver, et l'été venu, ils louaient leurs services pour aller faire la moisson en Brie; ils ne rentraient chez eux qu'aux approches de l'hiver, après le battage de la ré­colte.

Or, dès le XVIème siècle, la Brie, et particulièrement la ville de Meaux, était gagnée à ce que l'on appelait alors les "idées nouvelles". L'évoque Briçonnet, disait-on, était "compromis" dans le mouvement de la Réforme protestante. Des Assemblées de "Religionnaires" s'organisaient. Des cultes étaient célébrés en plein air. On se passait de main en main des écrits, des livres de la Bible. Chacun emportait ces livres ou leur copie pour les relire et les commenter à la maison.

Ainsi les moissonneurs de la Brie continuaient chez eux leur instruction religieuse et faisaient des adeptes.

Les DEMOLON furent parmi ces adeptes, et voici pour­quoi nous les verrons plus tard assez nombreux, après la Révocation de l'Édit de Nantes, se diriger, même au prix des plus grands dangers, vers les Eglises Wallones protes­tantes, dites Eglises de la Barrière, pour y faire confirmer leur foi, se faire baptiser et faire bénir leur mariage.

Retenons en passant que ces voyages jusqu'aux Eglises de la Barrière (150 Kms pour le moins) étaient réellement pénibles et dangereux. On les entreprenait généralement pen­dant l'hiver, quand les travaux de culture étaient suspendus. Ces voyages effectués à pied nécessitaient une préparation minutieuse : des amis avaient indiqué les chemins, les sen­tiers plutôt, qu'il fallait suivre, pour éviter gardes et gendarmes, car si l'on était pris, on n'échappait pas à. la prison pour les femmes et aux galères du roi pour les hommes On devait connaître les sous-bois dans lesquels on se cachait souvent, les adresses d'amis ou coreligionaires sûrs chez lesquels on pouvait se faire héberger.

La grande forêt des Ardennes, que l'on traversait en partie, surtout pour se rendre à Namur, était particulièrement dangereuse. Les loups y étaient nombreux et l'on trem­blait à la pensée de leur rencontre, autant que l'on tremblait à la vue de gens que l'on prenait pour des gendarmes. Mais dès que la sécurité semblait revenue, on redevenait joyeux et l'on chantait avec entrain, bien qu'à mi-voix pour que la voix ne portât pas trop loin, les psaumes appris dès l'en­fance dans la vieille bible de famille. Une de ces mélodies prenantes que tous les protestants connaissent bien, est celle du psaume CXVI :

 

" J'aime mon Dieu car son puissant secours rendit la paix à mon Crie éperdue.

 A mes soupirs son oreille est tendue; Je veux aussi, l'invoquer tous les jours".

 

Au retour, les réformés français n'étaient pas moins exposés. Ceux qui allaient chercher la bénédiction nuptiale à Tournai, en rapportaient un certificat de mariage délivré par le Consistoire et signé tant du pasteur que de deux an­ciens de l'Eglise. La possession de cette pièce suffisait à les faire arrêter, mais pour eux, l'essentiel était qu'ils pussent justifier de leur union devant Dieu, sinon devant la loi des hommes.

 

Les actes religieux des Eglises de la Barrière intéressant les protestants français ont été conservés et une copie en a été imprimée. (Roland, Imprimeur, Le Cateau. 1894).

 

Signalons, à ce sujet, qu'au XVIIIème siècle, à l'époque où l'instruction était encore peu répandue, les actes religieux étaient inscrits par des secrétaires ou des membres des Eglises, qui suivaient le mieux possible la prononciation des intéressés. Et il est curieux de relever des différences dans l'orthographe des noms de lieux et des noms de personnes.

 

Les DEMOLON inscrits sur les registres des Eglises Wallones de Tournai et de Namur y sont indiqués avec les orthographes suivantes :

 

Rose DEMOLON - Rose DESMOLONS (la même)

Marie-Charlotte DESMOLONS

Jean-Baptiste DESMOLON

Pierre DESMOLONS

Nicolas DES MOLONS

Marie-Charlotte des MOLLONS

Flaurimonne de MOLLON

+Louis Joseph DEMOLON

Jeanne-Antoinette DEMOLON   (Les 3 noms signalés par un + sont ceux de la même personne)

+ Louis-Joseph DEMOLLAN

+Louis-Joseph DEMOLLON

 

Les renseignements qui précèdent se rapportent à la branche ardennaise.

 

M. Yves DEMOLON a établi la liste des DEMOLON qui de­meurent en Bretagne. Avant de s'être séparés, il semble bien que ces deux groupes aient véçu assez longtemps côte à côte dans les Ardennes, et assez unis. Ainsi, aux 17ème et 18ème siècles, on trouve des DEMOLON nombreux dans la commune de Bay (Canton de Rumigny, arrondissement de Rocroi). La Biblio­thèque Nationale et les Archives Départementales conservées à Sedan, mentionnent comme ayant habité Bay ou y étant nés :

 

Elisabeth GOSSET, Veuve de Louis DEMOLON, décédée à Bay

Vincent DEMOLON oui vivait à Bay en 1727 (Arch. de Sedan)

Nicolas DEMOLON         

Jean DEMOLON arpenteur royal -d°­

Jean-François DE MOLON, fils du précédent, ar­penteur du Duché de Guise (1749), puis Ins­pecteur des Domaines; a épousé Charlotte CAMAS..., née à BAY.

Jean-Nicolas DEMOLON (1744-1820) a vécu à Bay,.

Jean-Louis DEMOLON arpenteur du Duché de Guise de (1767-1810)      est né à Bay)

Jean-François DEMOLON Architecte de la Ville de NANTES,, de 1780 à 1791 est né à Bay,

 

 

Certains de ces noms, avec d'autres, seront repris avec plus de détails dans les listes généalogiques. Aux noms que nous venons de citer, il y aurait lieu d'ajouter d'autres DELOLON ayant vécu dans les hameaux de Bay, notamment aux Cailleaux et aux Hautes-Bruyères, où nous trouvons Thomas DEL0LON et Marie DEMOLON figurant comme témoins dans un acte de baptême. Il y en avait sûrement d'autres dont les noms ne nous sont pas parvenus.

Les familles nombreuses au XVIIIème siècle n'étaient pas l'exception; pour peu que certaines familles DEMOLON habitant Bay aient été des familles nombreuses, on peut se demander si cette commune, vers le milieu du XVIIIème siècle n'appartenai­t pas, presque exclusivement aux DEMOLON.

La dispersion s'est produite vers la fin du même siècle. Certaines familles ont poursuivi leur destinée dans les moulins des Ardennes. D'autres sont parties ou retournées en Bretagne, quelques-unes enfin, sont restées sur place. On rencontre en­core parfois le nom de DEMOLON dans la région de Vervins et dans la partie Ouest des Ardennes, mais ces noms sont isolés et leurs familles ne cherchent pas à se raccorder à un groupe quelconque.

 

Nous allons maintenant signaler les DEMOL0N dont les des­cendants ont été meuniers et qu'il nous a été possible d'identifier au moyen de pièces officielles. Mr Yves DEMOLON a bien voulu compléter ce travail par la liste des DEMOLON de Bretagne.

 

Descendance direct :

 

Pierre DEMOLON  (1670-1740) meunier à FOIGNY (Aisne)

Louis DEMOLON   (1715-                 ) meunier à MONTCORNET (Aisne),

Louis-Joseph DEMOLON (         -1808) meunier à Bay, Résigny et Rethel

Jean-Nicolas, dit Cadet DEMOLON (1781-1838) meunier à St-Lambert

Louis-Joseph-Nicolas DEMOLON (1812-1883), meunier à St-Lambert

Eugène-Louis DEMOLON (1838-1899) cultivateur à St-Lambert et Olizy,

Jonathan DEMOLON (1869-              ) Ing. A.M. à CAMBRAI et NANTES ,

Pierre DEMOLON (1903- ) Ing. aux Mines de l'Escarpelle

Jean-François DEMOLON :(1933- )

 

 

Pierre DEMOLON, meunier à FOIGNY (Aisne) époux de Jeanne CABY, né aux environs de 1670, mort avant 1740 (Archives Départementales de l'Aisne, liasse B. 3144)

Ses biens ont été vendus par autorité de justice, ce serait la preuve que sa famille et lui étaient protestants.

 

Louis-Joseph Nicolas DEMOLON, meunier à St-Lambert, a ­indiqué dans une note manuscrite que Louis DEMOLON serait né à EBOULEAU (Aisne) en 1715. Mais M. Beuzart qui le cite dans son ouvrage "Les Protestants en Thiérache" pré­cise qu'il est né à COINGT (Aisne), commune voisine d'EBOULEAU (renseignement fourni par les Archives Départementales de l'Aisne).

 

Louis DEMOLON ayant eu des démêlés avec la justice royale et menacé d'être appréhendé pour la raison que l'une de ses domestiques s'était converti au protestantisme se vit dans l'obligation de quitter la région. Il se ren­dit à MONT-LOUE (Aisne), puis à MONTCORNET (Aisne) où il exploita pendant 11 ans le moulin à eau situé sur la Serre.

A sa mort, le permis d'inhumer dans le cimetière fut re­fusé, car il était resté protestant et il fut enterré dans la grange du moulin.

 

De sa femme$ Elisabeth GOSSET, née à VOULFAIX (Aisne) il eut 8 enfants dont nous avons les noms :

 

1°) - Marie-Charlotte DEMOLON (dite tante Marie) ma­riée en l'Eglise protestante de TOURNAI le 24 Novembre 1771 à Pierre Abraham DESEMERY de Martigny (élection de Guise)

 

2°) - Jeanne-Antoinette DEMOLON, mariée à Tournai à Jean-Baptiste TELLIER - Contrat de mariage passé devant le notaire LAMY du baillage du Vermandois.

 

3°) - Louis-Joseph DEMOLON, marié en l'Eglise protes­tante de TOURNAI le 11 Janvier 1778 à Marie LAVENANT de Parfondeval - contrat passé devant le notaire Monseignat.

Devenu veuf, Louis-Joseph se remaria en l'Eglise protes­tante de NAMUR, le 19 Septembre 1779, avec Marie LAVENANT de Parfondeval (vraisemblablement la soeur de sa première femme) - contrat de mariage passé devant le notaire Mon­seignat. Bénédiction donnée par M. le Pasteur BLAISE.

Aux archives personnelles, se trouvent le certificat du baptême de Marie LAVENANT, née le 25 Septembre 1753 et son contrat de mariage sur parchemin.

 

4°) - Marie-Anne DEMOLON mariée à Pierre LOISEAU.

 

5°) - Marie-Rose DEMOLON, dite Rose DEMOLON, mariée à Pierre VERRY

                   "l'un et l'autre demeurant à la rue des Bohains, commune de LEME".

Devenue veuve, elle se re­maria le 30 Décembre 1758 à TOURNAI, avec Pierre VOREAUX.

Devenue veuve une seconde fois, elle se remaria à TOURNAI le 17 Septembre 1778 avec Jean-Louis DUBOIS               (tous deux demeurant à THENELLE, élection de Guise).

 

6°) - Florimonne DEMOLON, mariée à TOURNAI le 6 Juin 1772 à Pierre-Isaïe MOROY de ROMERY.

 

7°) - Pierre DEMOLON, marié à TOURNAI avec Marie-Anne CATRIN

                   (tous deux demeurant à ESQUEHERIES.)

 

8°) - Jean-Baptiste DEMOLON, marié à TOURNAI le 24 Octobre 1773 à Elisabeth-Suzanne LORSIGNOL,                  tous deux demeurant à ASSY-sur-SERRE (Généralité de Soissons).

 

NOTA.- La registre de l'Eglise de TOURNAI mentionne encore Nicolas des MOLLONS

"de la paroisse de Vée-sur-Reins" sans autre renseignement.

Disons aussi en passant que l’acte de naissance en date du 16 Mars 1781, de Marie-Antoinette TELLIER, fille de Jean-Baptiste TELLIER, meunier à vent à BAY (Ardennes) et de Jeanne-Antoinette DEMOLON, mariés à TOURNAI, indique comme parrain Thomas DEMOLON et Marie DEMOLON, tous deux demeurant à Haute-Bruyère, hameau de la commune de BAY. Ces deux DEMOLON ne sont pas mentionnés ailleurs dans le présent mémoire.

 

Elisabeth GOSSET estimant trop lourde pour elle la charge du moulin de Montcornet, après le décès de son mari, s'enfuit à BAY avec 3 de ses filles et s'établit au moulin à vent des Cailleaux (Commune de BAY).

Ses deux autres fil­les étaient vraisemblablement déjà mariées. Ayant eu une vie très active et élevé une famille nombreuse, elle s'éteignit aux Cailleaux, et Louis -Joseph-Nicolas DEMOLON relate qu' étant restée fidèle protestante, elle fut enterrée dans le "clos" du moulin.

 

Louis-Joseph DEMOLON aîné des fils de Louis DEMOLON et d’Elisabeth GOSSET.

Après avoir aidé sa mère et ses soeurs au Moulin des Cailleaux à BAY, Louis-Joseph qui s'est marié en 1778, est allé louer le moulin de Résigny, puis celui d'Yvier. Quel­ques années après, il se rendit acquéreur des moulins de RETHEL et fonda la Firme "LES GRANDS MOULINS DE RETHEL".

Sous une impulsion énergique, ces moulins étaient devenus importants pour l'époque, et nous savons par Lucien DEMOLON qui était l'arrière petit-neveu de Louis-Joseph et qui se souvient, étant tout jeune, avoir vu ces moulins qui étaient alors exploités par son grand père, qu'une véritable cavalerie de 80 mulets était nécessaire pour assurer le transport à dos des grains et farines; à cette époque, en effet, les bonnes routes faisaient encore défaut et les charrois ré­guliers n'étaient guère possibles.

 

Notons aussi en passant que Louis-Joseph DEMOLON était possesseur d'une vieille Bible de famille, imprimée en 1647 à Genève, avec les livres complets, des annotations margi­nales dues à CALVIN et les psaumes avec leurs mélodies.

Cette Bible portait sur le premier feuillet le nom de "DEMOLON, meunier à RETHEL" et précédant ce nom, celui de DAUDENGER de SCHULENBERG, vraisemblablement le premier acquéreur de la Bible.

Ce livre vénérable qui était conservé précieusement dans la famille a été perdu, dérobé plutôt, lors de l'évacuation des habitants du Nord en 1940.

Louise-Joseph DEMOLON est décédé à RETHEL le 10 Avril 1808. Ainsi que nous l'avons relaté ci-dessus il s'était marié le 19 Septembre 1779 avec Marie LAVENANT de Parfondeval. De cette union sont nés 6 enfants :

 

10/ Jean-Nicolas DEMOLON, dit Cadet DEMOLON (1781-1838), marié à Mari-Antoinette TELLIER, meunier à St-Lambert (Ardennes)

Nous reprendrons son nom après celui de ses collatéraux.

 

20/ Joseph Elie DEMOLON né en 1785, marié à Mademoiselle LANDROGIN, puis à Mademoiselle ADON, meunier à ECLY (Ardennes); un de ses fils a vécu à BEAUNE et le petit-fils de ce dernier est M. l'Abbé Ernest DEMOLON (qui signe de MOLON), curé de COLLONGES (Côte-d'Or), auteur de plusieurs ouvrages ecclésias­tiques et d'une liste généalogique des De MOLON d'après le Dic­tionnaire de la. Noblesse de la Chesnaye-des-Bois.

 

3°/ Isaac DEMOLON né en 1790, minotier à RETHEL, puis à TOURTERON, époux de Mademoiselle YVON. Lucien DEMOLON, ingé­nieur de la Société PARIS-OUTREAU dont nous avons parlé plus haut était le petit-fils d'Isaac, et Lucien est le père de Lucie DEMOLON, artiste-sculpteur à PARIS, élève de Frémiet.

 

4°/ Rose DEMOLON, née en 1788, mariée à Jean., Nicolas TELLIER

 

5°/ Auguste DEMOLON né en 1792, marié à Suzanne DESEMERY.

 

6°/ Joseph DEMOLON marié à Mademoiselle CLAISSE.

A la mort de leur père en 1808, les 3 enfants mineurs :

Isaac, Rose et Auguste furent émancipés à la demande de leur mère  Marie LAVENANT, le 12 Avril 1808, afin de pouvoir continuer l'exploitation des moulins de RETHEL avec leur mère; les dits enfants, dit l'acte d'émancipation "étant remplis d'ordre et d'économie et en état de gérer et administrer eux-mêmes ce qui leur est échu par le décès de leur père". Acte d'émancipation aux archives personnelles.

 

Cadet DEMOLON,

Fils aîné de Louis-Joseph et de Marie LAVENANT meunier à St-LAMBERT.

Avant de prendre à. son compte le moulin de St LAMBERT, Cadet DEMOLON avait exploité les moulins de RETHEL qu'il laissa par la suite à son frère Isaac; il avait envisagé le développement du moulin de St Lambert  pour l'exploitation des phosphates qu'on trouvait abondamment, souvent à fleur du sol, dans la région, sous forme de nodules dénommés dans le pays "coquins". Ces coquins écrasés sous les meules se trou­vaient réduits en poudre mise en sacs, et vendus comme engrais C'est en vue de cette exploitation que furent construits en 1830 les bâtiments actuellement existants du moulin de St-Lam­bert; ce dernier était mû dès le début par deux roues hydrau­liques à aubes et il possédait trois paires de meules en pierre de la Ferté-sous-Jouarre.

Après une période assez prospère continuée par les fils de Cadet DEiOLON sous laa raison sociale DEMOLON Frères, cette industrie périclita en raison de la découverte en France de nombreux et importants gisements de phosphates plus faciles à exploiter que les "coquins",Cette découverte de gisements dans de nombreux départements fut faite par un parent homonyme Charles, Marie DEM0L0N (1809-1887) inspecteur général de l'A­griculture,lauréat de l'Institut. La ruine de la petite indus­trie des coquins s'affirmant, le moulin de St LAMBERT se transforma et devint moulin à. blé.

Le mariage de Cadet-DEMOLON avec Marie-Antoinette TELLIER eut lieu le 28 Juin 1809 (contrat de mariage archives per­sonnelles). Cadet DEMOLON est décédé à St-LAMBERT le 16 Fé­vrier 1838, et sa femme à St-LAMBERT le 25 Janvier 1867,

De leur union sont nés deux enfants

 

1°/ Louis-Joseph Nicolas DEMOLON (1812-1883), marié à Ma­demoiselle Marie-Jeanne HUBIGNON - contrat de mariage du 9 Novembre 1835 - archives personnelles.

 

2°/ Auguste DEMOLON, marié à Melle de Parfondeval (dite ma tante Auguste) décédée à Parfondeval vers 1906.

Auguste DEMOLON est' décédé jeune; il eut une fille unique, Esther DEMOLON mariée à DELAHAYE de Parfondeval, les enfants et petits-enfants de ce dernier ménage demeurent à Parfondeval (familles Delahaye et Bisseux).

 

Louis-Joseph-Nicolas DEMOLON :

Il me serait extrêmement agréable de raconter ici l'histoire particulièrement vivante de mon grand père, telle que je la connaissais par lui-même. J'étais encore trop jeune lorsqu'il mourut et les souvenirs qu'il m'avait communiqués se sont es­tompés depuis la lointaine époque de son décès (1882).

Etant né en 1812, ses premiers souvenirs furent ceux dont on ne cessait de s'entretenir chez lui : les misères nées des guerres de Napoléon et de nos désastres. Il n'aimait guère évoquer ces souvenirs et il devint vite un adversaire résolu de ceux qui voulaient faire revivre l'Empire; de même qu'il fut l'adversaire de la Restauration, surtout de Charles X. Louis-Philippe trouva grâce auprès de lui pour les premières années de son règne; ces années avaient été particulièrement prospères et les paysans ne s'en plaignaient pas, loin de là, eux qui avaient tant souffert; mais les années qui suivirent le furent beaucoup moins.

Les espérances, exagérées, que suscita l'avènement de la 2ème République l'enthousiasmèrent. Son républicanisme, bien connu à l'époque, lui valut d'être nommé maire de sa commune par l'Autorité Préfectorale en 1848. Et ce ne fut pas une tâche aisée. Seul républicain de la commune, il dût arbitrer les conflits nombreux et violents qui surgirent entre les autres part Plus tard, pour le récompenser sans doute, car cela était con­sidéré comme un grand honneur, il fut nommé commandant d'une section de la Garde Nationale. Les siens évoquaient le souvenir de son bel uniforme, qu'il portait avec prestance. J'avais conserve son sabre joliment damasquiné, auquel je tenais beaucoup Hélas !  les Allemands me l'ont enlevé en 1918 !

 

Il tenait pour un désastre national l'avènement du 2ème empire, de celui de Napoléon le Petit; il protesta contre le plébiscite qui devait nous conduire à 1870; il avait prévu que ce plébiscite nous conduirait à la guerre. Il ne se trompa pas !  la guerre, les ravages et les incendies causés dans les Ardennes par les Prussiens, une occupation ennemie qui dura jusqu'en 1873 attristèrent ses dernières années : il salua ce­pendant avec joie l'avènement de la 3ème République, mais il était atteint dans sa santé et était devenu aveugle. - De plus la crise économique, crise agricole et de la petite meunerie l'acheva. Il décéda- subitement en 1882 : il avait été conseillé municipal de la commune pendant 45 ans; la population entière suivit son cercueil………

 

 

La vie religieuse de mon grand père fut également active. A 13 ans, il fut envoyé à Sedan pour y préparer son instruction religieuse et sa première communion. On le mit en pension chez le Pasteur, et afin de diminuer les frais de cette pension, on le plaça comme petit clerc chez un notaire; il y resta 2 ans, au cours desquels, sous la direction du Pasteur, il se per­fectionna dans les règles essentielles de l'instruction et apprit un peu de latin. Quand il revint à la maison paternelle après sa première communion, il avait le caractère mûri et put commencer à prendre part aux travaux de la maison et du moulin. Il fut pendant de longues années, membre du Consistoire de Se­dan. C'était un chercheur : que de projets de lettres j'ai é­crits sous sa dictée, à l'adresse du 1inistre des Travaux Publié car il avait inventé un frein puissant pour les Chemins de fer, et il voulait prendre un brevet. Cette invention avait une réel le valeur, et l'opinion publique se préoccupait fort de cette question, car les accidents étaient nombreux, dûs à la lenteur des arrêts des trains.

Son frein est celui qui est généralement appliqué sur les autos; mais son âge et sa maladie l'empéchêrent de prendre le brevet qu'il avait en vue.

 

A propos de la crise qui survint après la guerre de 70, disons que les petits et moyens moulins des vallées ardennaises ne purent surmonter cette crise : les grands moulins à cylindre les remplacèrent; ce fut une révolution dans la meunerie. Le pain fut sans doute plus blanc; il eut plus bel aspect que ce­lui fabriqué avec la farine écrasée par les meules, mais fut-­il aussi bon et aussi nourrissant ? La discussion fut vive, mai hélas, les petits succombèrent; et voici comment les nombreux moulins qui égayaient de leur tic-tac les jolies vallées arden­naises ont tous disparu, et cela a été la fin de l'ancienne belle profession des DEM0L0N, meuniers.

Mon grand père avait une façon originale de concrétiser sa pensée. A 10 ans, j’avais parfois, comme tous les enfants vivant dans une campagne isolée, exposés à certains dangers, des peurs assez vives; le soir surtout, sous un faible éclairage, les grands bâtiments paraissaient assez sinistres. Mon grand père me disait : " ta peur est ridicule, quand tu auras une douzaine de prussiens à tes trousses, tu en verras d'autres." Hélas, j'en ai vu plus d'une douzaine de Prussiens dans ma vie, le lecteur que cela intéresserait, pourrait se reporter à mon ouvrage : "On vous demande à la Commandanture", épisodes de la guerre de 1914 -1918. Plon, éditeur, 1920.

 

Je pourrais raconter d'autres menus souvenirs qui n'intéresseraient que médiocrement le lecteur; je renverrai celui-ci, si la chose l'intéresse, aux narrations de mes petites aventu­res de jeunesse, particulièrement à celles ayant trait à la construction de mes petits moulins, et à mes rapports avec les camarades de mon rage.

 

De l'union de Louis-Joseph Nicolas DEMOLON et de Marie­ Jeanne Hubignon naquirent 3 enfants :

 

1°) - Louis. Eugène DEMOLON (1838-1899) marié à Marie ­Esther Charlier d'Lsquébéries, mariage célébré en 1864.

2°) - Juliette DEMOLON, née en 1839, décédée à Reims en 1914, dite tante Mannette, restée célibataire par devoir de famille, pour s'occuper de son père aveugle et malade et de plusieurs de ses neveux et nièces.

3°) - Marthe DEMOLON, née en 1855, mariée à Léon Baquet, cultivateur, ancien maire de Condé-les-Vouziers. De cette union naquirent 3 filles :

 

Jeanne Baquet, célibataire;

Léontine Baquet, célibataire,.      ,

Juliette Baquet, mariée à Samuel Dorrity, Ingénieur

A. & M. père et mère de Marie-Thérèse Dorrity, à Segrie (Sarthe).

 

Louis-Eugène DEMOLON fut cultivateur à St-Lambert, puis à (Ilizy (Ard.) Conseiller municipal à Olizy. De son union avec Marie-Esther Charlier, sont nés 3 enfants

10) - Samuel DEMOLON (1865-1933) pharmacien des h8pitaux de Bayonne, puis Vice-Président de l'Administration des Hospices Civils de Bayonne, médaillé de la Société de Chimie, auteur d'un ouvrage de pharmacie; marié à Marie Cazeau, puis à Alice Berrogain; n'a pas eu d'enfants,

 

2°) - Jonathan DEMOLON, né en 1869, Ingénieur des Arts et Métiers, marié à Augustine DELINOTTE, puis

à Claire MARTIN : de la première union naquirent deux en­fants : Jean-Théodore DEMOLON (1895-1900), et Augustine DEMOLON mariée à Paul Arbousset, pasteur de l'Eglise ré­formée à Paris : de cette union sont nés 5 enfants : Yvonne, Jean-Paul, Christiane, Hélène et Irène. A la guerre de 1939-40, Paul Arbousset a servi comme lieutenant d'in­fanterie.

 

De la 2ème union de Jonathan DEMOLON sont nés 4 en­fants :

 

1°) - Cécile-Rose (1900) assistante sociale de la Ville de Paris, mariée à Maurice 0lombel, licencié ès-lettres et ès-sciences, Inspecteur du Service des Végétaux au Mi­nistère de l'Agriculture, père et mère de Anne Olombel née le ler Avril 1939.

 

2°) - Pierre DEMOLON, né en 1903, Ingénieur des A, & M, ingénieur aux Mines de l'Escarpelle à Douai, marié à An­drée Salembier, père et mère de

 

Jean-François DEMOLON Jean-François DEMOLON, né en 1933.

 

3°) - Marianne DEMOLON., née en 1912, licenciée en droit, Secrétaire Rédactrice au Ministère de l'Intérieur à Paris.

 

4 °) - Jean DEMOLON, né en 1919.

 

Le 3ème enfant de Louis-Eugène DEMOLON est Marthe DEMOLON, née en 1873, institutrice de la Ville de Paris, mariée à Henri Bauduin, tous deux décédés l934 et 1935.

 

Ils ont eu deux enfants :

 

1°) - André BAUDUIN, employé, célibataire.

 

2°) - Marguerite Bauduin, mariée à Maurice Bourdeau, Professeur à l'Institut National des Aveugles de Paris.

 

Auteur de cette monographie, Jonathan DEMOLON, ancien Con­seiller Général du Nord, auteur d'un ouvrage sur la guerre de 1914 - 1918 " on vous demande à la Kommandantur". Librairie Plon 1920 - Officier de la Légion d'Honneur, a été l'objet de plusieurs citations, dont la suivante

 

CITATION A L'ORDRE DU PAYS EN DATE DU 24 OCTOBRE 1919

 

"M. DEMOLON , Conseiller Général du Nord

Placé à la téte de la municipalité de Cambrai depuis 1916, s'est "acquitté de ses fonctions avec zèle et compétence, s'opposant avec fer­meté à toutes les mesures vexatoires de l'ennemi, et protestant avec "énergie contre les abus de tout genre.

En butte aux tracasseries, aux exigences, aux brutalités de la Kommandantur, M. DEMOLON fit, pendant les deux dernières années, preuve d'un dévouement constant et d'une rare énergie pour la défense des intérêts de ses concitoyens.

En donnant l'exemple du plus pur patriotisme, M. DEMOLON a contribué pour une grande part à maintenir le moral des populations qui lui gardent leur reconnaissance "